Les dauphins et les orques ne viennent pas de l’océan. Ils descendent d’animaux terrestres, qui ont lentement évolué pour vivre en mer. Cette transformation a demandé des changements profonds : leur corps s’est allongé, leurs membres ont disparu, et leur respiration s’est adaptée à la plongée.
Bruna Farina, chercheuse à l’université de Fribourg, a étudié plus de 5 600 espèces de mammifères. Son analyse confirme un point de bascule évolutif. Les cétacés, comme les dauphins et les orques, ont franchi un seuil critique. Ils ne peuvent plus revenir sur terre, même si l’environnement marin devenait invivable.
Ces transformations soutiennent la célèbre “loi de Dollo”. Cette règle, posée au XIXe siècle, affirme qu’un organisme ne revient jamais exactement à un ancien état. Autrement dit, les dauphins et les orques sont piégés par leur propre adaptation.
Les dauphins : Le voyage évolutif à sens unique
Il y a des millions d’années, la vie est passée de l’eau à la terre. Puis, certaines espèces ont fait le chemin inverse. Ce fut le cas des ancêtres des cétacés, qui ont quitté la terre pour retourner à la mer. Cela montre que l’évolution n’est pas linéaire.
Les chercheurs classent les espèces en quatre groupes : terrestres, amphibies, semi-aquatiques et marines. Les dauphins et les orques sont dans le dernier. Contrairement aux phoques, ils n’ont gardé aucun lien avec la terre. Tout leur mode de vie dépend de l’eau.
Cette spécialisation a un coût. Si les océans se dégradent, ces animaux n’ont pas d’alternative. Ils ne peuvent ni migrer sur terre ni changer de mode de vie. Leur avenir est donc étroitement lié à la santé des milieux marins.
Une alerte pour la biodiversité marine
Ce constat soulève une question importante : que faire si l’océan devient invivable ? Contrairement à d’autres espèces, les dauphins et les orques n’ont pas la capacité de s’adapter à un nouveau milieu. Leur spécialisation extrême les rend très vulnérables.
Virag Sharma, généticien à l’université de Limerick, pense qu’il faut étendre ces recherches à d’autres espèces. L’idée est de savoir si cette “évolution sans retour” est fréquente. Cela permettrait aussi de mieux comprendre les limites de l’adaptation dans un monde en changement.
Au fond, ces cétacés sont un signal d’alarme. Leur succès évolutif est aussi leur faiblesse. Protéger leur environnement devient donc une priorité. Sauver les dauphins et les orques, c’est préserver un équilibre fragile que l’évolution a mis des millions d’années à créer.