Le gouvernement fait face à une équation complexe : de plus en plus de départs à la retraite et une population active qui commence à reculer. C’est dans ce contexte que le ministère du Travail a lancé, ce 29 avril, un plan d’action consacré à l’emploi des seniors. Selon Maxime Sbaihi, expert de l’Institut Montaigne, les 50-64 ans représentent déjà un tiers des actifs. Une proportion inédite qui va continuer à croître, notamment à cause du départ massif des baby-boomers, nés entre 1943 et 1960.
Cette transformation démographique bouleverse la structure de la population. Vincent Touzé, économiste à Sciences Po, parle d’une pyramide des âges déséquilibrée : moins de jeunes à la base, et de plus en plus de seniors en haut. En clair, il faudra bientôt remplacer des centaines de milliers de salariés expérimentés… sans avoir assez de jeunes pour prendre le relais.
Une vague de remplacements plus qu’une vague d’embauches
Le phénomène est déjà chiffré. Une étude de France Stratégie et de la Dares estime que près de 490 000 postes seront à pourvoir d’ici 2030 dans le secteur de l’entretien. Mais attention : 95 % de ces postes (soit 462 000) correspondent à de simples remplacements de départs en retraite. Seuls 26 000 relèvent de véritables créations d’emploi. Le même constat s’applique à d’autres métiers essentiels mais peu valorisés.
Ces professions — souvent pénibles, peu qualifiées et mal rémunérées — peinent déjà à attirer de nouveaux candidats. Le défi ne se limite donc pas à combler les départs : il faudra aussi rendre ces métiers plus attractifs.
L’Éducation nationale est dans une situation similaire. Environ 328 000 enseignants partiront à la retraite d’ici 2030. Mais dans le même temps, seuls 1 000 nouveaux postes seront créés. L’enjeu est donc clair : maintenir les effectifs face à une vague de départs sans précédent.
Des secteurs porteurs malgré la transition démographique
Tout n’est pas sombre pour autant. Certains métiers connaissent un dynamisme fort, non lié au vieillissement de la population. C’est le cas de l’informatique. D’ici 2030, on prévoit 190 000 postes à pourvoir pour les ingénieurs en informatique. Mais ici, la donne est différente : 115 000 de ces emplois seront des créations nettes, contre 75 000 remplacements.
Le numérique, la cybersécurité et l’intelligence artificielle soutiennent cette croissance continue. Ces métiers, encore récents, génèrent peu de départs en retraite pour le moment, tout en attirant de nombreux jeunes diplômés. France Stratégie souligne que ce sont des emplois jeunes, dynamiques et en forte demande.
La tendance est la même pour les cadres techniques de l’industrie. Là encore, une part importante des recrutements correspondra à des créations de poste, preuve d’un secteur tourné vers l’avenir, malgré les défis structurels liés à l’âge.
