Une mesure en discussion qui pourrait coûter cher à certains retraités
Le gouvernement envisage de revoir plusieurs niches fiscales, et parmi elles, l’abattement de 10 % appliqué automatiquement aux pensions de retraite. S’il venait à être supprimé sans compensation, les effets pourraient être brutaux pour certains foyers, notamment les retraités modestes.
Cette décision serait intégrée au budget 2026. En attendant, les premières projections chiffrées montrent quels profils verraient leur fiscalité se durcir dès l’année prochaine.
Retraités modestes : vers une imposition dès 1 455 € par mois
Actuellement, l’abattement de 10 % permet à de nombreux retraités d’échapper à l’impôt. C’est le cas de Jeanne, 67 ans, qui perçoit 1 455 € de pension mensuelle. Sans abattement, elle deviendrait imposable et devrait s’acquitter de 64 € d’impôts, selon une simulation.
Tableaux détaillant l’impact fiscal
Foyer fiscal | Revenus annuels | Impôt actuel | Impôt sans abattement |
---|---|---|---|
Retraité seul | 17 460 € | 0 € | 64 € |
Retraité seul | 19 944 € | 142 € | 460 € |
Couple retraités | 19 944 € chacun | 593 € | 1 229 € |
La barre de 17 447 € de revenu net imposable est actuellement le seuil à partir duquel l’impôt est exigé pour une personne seule. Sans abattement, tous les retraités dont les pensions dépassent 1 453 € par mois deviendraient imposables.
Couples modestes : vers une double peine fiscale
Pour les couples, la situation serait également tendue. Un couple percevant un peu plus de 2 700 € à deux, soit 1 360 € chacun par mois, entrerait dans l’imposition. Jusqu’à présent, ces couples restaient en deçà du seuil grâce à l’abattement.
Par exemple, Philippe, retraité vivant seul avec 1 662 € par mois, voit son impôt passer de 142 € à 460 €. En cause : une baisse du bénéfice de la décote, une réduction réservée aux foyers modestes.
Les retraités aisés peu impactés par la suppression
Contrairement aux idées reçues, les retraités les plus aisés ne seraient pas les plus touchés. En effet, l’abattement fiscal est déjà plafonné à 4 399 €. Ceux qui gagnent plus de 43 990 € par an ne profitent donc pas pleinement de la déduction.
Exemple : Danielle déclare 60 000 € de retraite annuelle. Elle verrait son impôt augmenter de 1 319 € seulement, car l’abattement était déjà limité dans son cas.
Impact chiffré
Foyer fiscal | Revenus annuels | Impôt actuel | Impôt sans abattement |
Retraité seul | 40 000 € | 3 965 € | 5 165 € |
Retraité seul | 60 000 € | 9 846 € | 11 165 € |
Retraité seul | 100 000 € | 23 141 € | 24 945 € |
Couple retraités | 40 000 € chacun | 9 011 € | 10 331 € |
L’effet collatéral : hausse du RFR et bouleversement de la CSG
Au-delà de l’impôt sur le revenu, c’est le revenu fiscal de référence (RFR) qui serait dopé par la suppression de l’abattement. Et ce RFR conditionne de nombreux droits sociaux.
Une hausse du RFR pourrait rendre certains ménages inéligibles au livret d’épargne populaire (LEP), à l’exonération de taxe foncière ou entraîner un changement de taux de CSG.
Barème CSG 2025 (extraits)
Parts fiscales | Taux 3,8% | Taux 6,6% | Taux 8,3% |
1 part (seul) | 12 817 € | 16 755 € | 26 004 € |
2 parts (couple) | 19 661 € | 25 703 € | 39 886 € |
Un retraité passant du taux réduit à un taux plein de CSG verrait ses prélèvements sociaux fortement augmenter. Une hausse du RFR pourrait donc entraîner une véritable « double peine fiscale ».
Un débat fiscal explosif jusqu’à 2026
Face aux effets potentiellement dévastateurs de cette mesure, le gouvernement pourrait opter pour une réforme ciblée : par exemple, en abaissant le plafond de l’abattement plutôt qu’en le supprimant. Objectif : épargner les classes moyennes tout en réduisant le coût de cette niche fiscale.
Ce sujet sera au cœur des débats du projet de loi de finances 2026. Les retraités ont donc tout intérêt à suivre attentivement l’actualité dans les mois à venir.