Dans un entretien accordé ce samedi 3 mai, le Premier ministre François Bayrou envisage de soumettre à référendum un projet global de réforme de l’État et de maîtrise des dépenses publiques. Alors que l’exécutif s’efforce de combler un déficit massif, ce plan pourrait devenir un levier inédit pour associer directement les citoyens aux choix budgétaires à venir.
Le gouvernement cherche à réduire de 40 milliards d’euros les dépenses publiques dans le cadre du budget 2026, principalement en restreignant les postes de dépense. « Ce que je vise, c’est l’adhésion des Français », explique le Premier ministre dans une interview publiée par Le Journal du Dimanche (JDD).
Un référendum envisagé pour une réforme d’envergure
François Bayrou évoque l’éventualité de recourir à un référendum — une procédure jamais utilisée sous la Ve République pour une réforme budgétaire — afin de légitimer un plan d’ensemble qui, selon lui, nécessitera des efforts partagés. « Je pense que la question est suffisamment grave, aux conséquences majeures pour l’avenir du pays, pour être posée directement aux citoyens. »
La décision finale, comme pour tout référendum, appartient toutefois au président de la République. Ce scénario s’inscrit dans la volonté de sortir des ajustements sectoriels fragmentés pour mettre en œuvre une réforme structurelle. Le Premier ministre critique d’ailleurs ce qu’il appelle la « méthode de l’artichaut », consistant à retirer ou ajouter des mesures au cas par cas, sans vision globale.
Déficit sous tension, économies à préciser
L’ambition reste inchangée : ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, après avoir atteint près de 7 % sous les précédents gouvernements. Mais la méthode exacte reste floue. Plusieurs pistes sont évoquées dans les cercles gouvernementaux : suppression de certains avantages fiscaux pour les retraités, contribution accrue des foyers les plus aisés, rationalisation des agences publiques, ou encore taxation renforcée des profits exceptionnels des grandes entreprises.
Aucune de ces options n’a encore été officiellement tranchée, mais elles alimentent déjà les débats.
Une première sous la Ve République ?
Depuis 2017, l’idée d’un référendum a régulièrement été avancée, notamment par Emmanuel Macron, sans jamais se concrétiser. Dans ses vœux de fin d’année, le chef de l’État avait évoqué la possibilité de demander aux Français de « trancher » des questions cruciales dès 2025, sans préciser les sujets concernés.
Le recours à une telle consultation pourrait donc marquer un tournant démocratique majeur, à condition d’obtenir le feu vert de l’Élysée et d’éviter les blocages politiques.