Une amitié devenue un duo de coachs hors norme
Dans un univers encore majoritairement masculin, voir deux femmes entraîner ensemble au plus haut niveau reste une rareté. C’est pourtant le cas de Raphaëlle Tervel et Sandrine Mariot, qui dirigent le Brest Bretagne Handball (BBH). Leur force ne tient pas seulement à leur expertise sportive, mais à une relation tissée depuis trois décennies, sur les terrains de Besançon comme aujourd’hui sur le banc brestois.
Cette complicité, forgée dès leur jeunesse dans les années 90, s’est construite entre admiration, respect et valeurs communes. Ce n’est pas un simple tandem technique, c’est une véritable alliance humaine, ancrée dans la loyauté et la passion du jeu collectif.
Des débuts liés au destin : quand la jeune Tervel rencontre son idole
À 17 ans, Raphaëlle Tervel débarque au pôle espoirs de Besançon avec des étoiles dans les yeux. L’une d’elles brille plus fort que les autres : Sandrine Mariot, alors capitaine de l’équipe de France. Pour Tervel, c’est un modèle absolu. Elle se souvient encore des jeudis soirs d’entraînement avec l’équipe pro : « J’en étais fan. »
Mariot, de son côté, repère rapidement cette jeune joueuse appliquée, discrète mais prometteuse. « Elle absorbait tout comme une éponge », confie-t-elle. Très vite, une relation de confiance s’installe. Les week-ends, Tervel loge souvent chez les parents de Mariot. Un lien quasi familial se crée, hors du cadre sportif.
Ce socle affectif va renforcer leur efficacité sur le terrain, où les deux brillent. L’arrière Mariot et l’ailière Tervel développent une connexion technique et mentale précieuse, qui préfigure leur futur duo d’entraîneures.
Une carrière commune couronnée de titres
En 2003, l’année de tous les sommets : Besançon rafle tous les titres, du championnat à la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. En parallèle, Mariot et Tervel remportent avec les Bleues le tout premier titre mondial de l’équipe de France féminine.
Ces moments de gloire scellent une amitié et une vision commune du handball : exigeante, solidaire, humaine. Après leurs carrières de joueuses, les deux femmes choisissent de transmettre, mais toujours ensemble. Quand Tervel accepte le poste d’entraîneure principale à Brest, une chose est non négociable : travailler avec Mariot.
Un duo féminin encore trop rare dans le sport de haut niveau
Le handball féminin progresse, mais les femmes entraîneures principales restent peu nombreuses dans les clubs professionnels, en France comme ailleurs. Le binôme Tervel-Mariot fait donc figure d’exception. Leur réussite à Brest rappelle à quel point la compétence féminine est souvent sous-exploitée.
Leur collaboration casse aussi le schéma classique entraîneur/adjoint. « Je n’aime pas le mot adjointe, insiste Tervel. C’est un vrai binôme. » Ensemble, elles prennent les décisions, bâtissent les entraînements, gèrent le groupe. Cette égalité dans le travail est aussi un message fort pour les générations futures.
À l’heure où les débats sur la place des femmes dans le sport s’intensifient, leur parcours devient une source d’inspiration pour les jeunes joueuses, mais aussi pour les institutions sportives en quête de modèles.
Un style de management basé sur la confiance et l’exemplarité
Ce qui caractérise ce duo, c’est aussi leur style de management : exigeant mais humain. Elles prônent un travail rigoureux, mais savent créer un climat de confiance. Leur longue amitié permet une communication fluide et naturelle, une rareté dans les staffs sportifs.
Elles partagent une même lecture du jeu, mais aussi une même philosophie : humilité, travail, solidarité. Cela se reflète dans la performance de Brest, devenu un club phare du handball féminin français. Les joueuses apprécient cette stabilité et cette cohésion, facteurs clés du succès.
Plus qu’un duo, une référence dans le handball féminin
Sandrine Mariot et Raphaëlle Tervel ne sont pas simplement deux anciennes joueuses reconverties. Elles incarnent une nouvelle façon de penser l’encadrement sportif féminin : plus égalitaire, plus complice, et tout aussi performant.
Leur parcours commun, de Besançon à Brest, prouve que l’expérience, l’amitié et la compétence peuvent former un cocktail explosif, même dans un milieu encore trop masculinisé. En 2025, elles ne se contentent pas de gérer une équipe : elles ouvrent une voie pour les générations futures de coachs au féminin.