Pour aborder le sujet sensible du rythme scolaire, Emmanuel Macron opte pour une approche plus participative. Il a annoncé la mise en place d’une convention citoyenne sur « les temps de l’enfant », une démarche révélée par Le Parisien. L’objectif ? Repenser l’organisation des journées scolaires pour qu’elles soient mieux adaptées au rythme des élèves.
Ce débat n’est pas nouveau. La dernière réforme majeure date de 2013, lorsque le gouvernement Hollande avait imposé la semaine de 4 jours et demi. Une décision largement contestée et abandonnée dès 2017 par Jean-Michel Blanquer. Depuis, les différents ministres de l’Éducation ont hésité à rouvrir ce chantier.
Un objectif : des enfants moins fatigués, plus réceptifs
Derrière cette initiative, Emmanuel Macron affiche une volonté claire : faire évoluer l’emploi du temps scolaire pour favoriser les apprentissages et réduire la fatigue des élèves. Dès juin 2023, lors d’une visite dans une école à Marseille, le président s’était inquiété du rythme trop intense des semaines de classe. Il évoquait des enfants « crevés tous les soirs », en partie à cause d’un calendrier mal adapté.
Au cœur du débat : la durée des vacances scolaires, et notamment les grandes vacances. Le chef de l’État estime qu’elles sont « très très longues » et qu’elles creusent les inégalités, en particulier pour les élèves peu accompagnés à la maison. Élisabeth Borne partage ce point de vue, soulignant en janvier 2024 que les longues interruptions pénalisent surtout les élèves les plus fragiles.
Vers une rentrée anticipée et des journées plus légères ?
Aucune mesure concrète n’a encore été prise, mais des pistes circulent. Emmanuel Macron a déjà évoqué la possibilité de faire rentrer les élèves en difficulté dès le 20 août. La ministre de l’Éducation, plus prudente, évoque une mise en œuvre possible à la rentrée 2026.
Pour justifier ce projet, l’exécutif s’appuie sur les systèmes éducatifs des pays voisins. Selon l’OCDE, les élèves français bénéficient d’environ 16 semaines de vacances par an, soit bien plus que la moyenne européenne. Seules quelques nations comme la Grèce ou la Roumanie font mieux. À l’inverse, l’Allemagne ou le Danemark proposent des congés nettement plus courts.
Mais cette éventuelle réduction du temps de vacances s’accompagnerait d’un allègement des journées de cours. Emmanuel Macron a déjà dénoncé des emplois du temps « trop chargés ». Certains experts recommandent d’adapter les horaires à l’âge des élèves : commencer à 8h pour les petits, 9h au collège, voire 9h30 au lycée.
Une idée relancée par les jeunes… et très suivie
La question du temps scolaire touche aussi les plus jeunes. En septembre 2024, un Tiktokeur, Senseidmots, a lancé une idée virale : concentrer les cours entre 8h et midi au collège et au lycée. Sa vidéo a rassemblé des centaines de milliers de vues, suivie par une pétition ayant récolté plus de 300 000 signatures.
L’Élysée n’a pas ignoré cette initiative. Le président a confirmé que cette proposition avait été entendue, et le jeune influenceur a même été reçu par le ministère de l’Éducation.
Une réforme à hauts risques pour le gouvernement
Malgré les annonces, le terrain reste miné. La convention citoyenne devra composer avec des syndicats enseignants très méfiants. Le SNES-FSU a rapidement réagi, dénonçant un « exercice d’esbroufe » déconnecté des vraies urgences de l’Éducation nationale. Sa secrétaire générale accuse même le gouvernement d’alimenter une forme de « prof bashing » en remettant sur la table la question des vacances des enseignants.
Pour l’exécutif, il faudra donc avancer avec prudence. Revoir le rythme scolaire implique des changements profonds, tant pour les élèves que pour les enseignants et les familles. Mais si la méthode participative fonctionne, elle pourrait ouvrir la voie à une réforme longtemps jugée intouchable.