Vous pensez que le Livret A fonctionne de la même manière que les autres livrets d’épargne réglementée ? Détrompez-vous ! Grâce à des possibilités de retraits et de virements plus étendues, certains Français l’utilisent comme un compte courant, bien que cela demeure un cas minoritaire. Voici pourquoi.
Le Livret A est le placement préféré des Français, avec pas moins de 57 millions de livrets ouverts, selon les données récentes de la Banque de France. Son succès s’explique par son plafond de dépôt de 22 950 euros pour les particuliers, la simplicité de son ouverture (avec un versement initial de 10 euros ou 1,50 euro à La Banque Postale) et la gratuité de ses opérations (retraits et dépôts).
En général, les opérations sont limitées pour tous les livrets d’épargne réglementée. Les virements entrants et sortants ne peuvent être effectués qu’à partir d’un compte de dépôt (compte courant ou compte chèque).
Top 4 des livrets d’épargne
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Taux de 2,25% jusqu’à 10 millions d’euros
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Taux boosté à 3,50% pendant 3 mois
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Taux bonifié à 6% pendant 2 mois
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Taux à 4% pendant 3 mois
Des virements et prélèvements spécifiques autorisés
Cependant, le Livret A présente une exception. Le Code monétaire et financier, à travers un arrêté de 2008, permet certaines opérations supplémentaires. Parmi celles-ci, on retrouve les virements de prestations sociales versées par les collectivités publiques et les organismes de Sécurité sociale, ainsi que les pensions des agents publics. En outre, certains prélèvements sont autorisés, comme le paiement de l’impôt sur le revenu, de la taxe d’habitation et des taxes foncières, des factures d’eau, de gaz, d’électricité, des loyers dus aux organismes HLM et aux sociétés d’économie mixte gérant des logements sociaux, ou encore des factures auprès des opérateurs de communication électronique agréés par l’Arcep (tels que Free, Bouygues Telecom, Canal+…).
Le Livret A : un substitut pour certains comptes courants
Le Livret A peut donc être un substitut au compte courant pour certaines populations, notamment celles éloignées du système bancaire, comme les Français aux revenus modestes, les sans-abri ou les étrangers. La Banque Postale, en tant qu’établissement public chargé de garantir l’accès bancaire, doit permettre toutes ces opérations.
Des positions variées selon les établissements bancaires
Cependant, toutes les banques ne sont pas tenues d’accepter ces opérations. Certaines institutions, comme la Société Générale, le Crédit Mutuel et la Caisse d’Épargne, ne mentionnent pas explicitement les prélèvements pour le paiement des factures de téléphone ou d’internet, mais acceptent la plupart des autres opérations autorisées. En revanche, Boursorama spécifie que « les opérations sur le Livret A ne peuvent être initiées que par le titulaire du compte, que ce soit pour un virement entrant ou sortant, et aucun virement permanent ne peut être mis en place ».
Une utilisation minoritaire mais réelle
Combien de Français utilisent réellement leur Livret A comme un compte courant ? Bien que les banques soient tenues au secret professionnel et ne puissent divulguer des informations sur leurs clients, l’Observatoire de l’épargne réglementée rapporte que les livrets A avec des soldes compris entre 150 et 1 500 euros connaissent plus de mouvements que ceux avec des soldes proches du plafond de 22 950 euros. En 2023, il y a eu en moyenne 7 à 8 versements et près de 9 retraits sur ces livrets.
Bien que cette utilisation reste faible, notamment pour les bénéficiaires de minima sociaux (7%) et les personnes en situation de précarité (8%), elle s’avère plus courante pour le règlement de loyers, de factures d’électricité, de gaz ou d’eau, et pour les petits achats chez les commerçants.
En somme, bien que le Livret A puisse être utilisé comme un substitut à un compte courant dans certains cas, cette pratique reste rare. Le Livret A est surtout utilisé comme complément d’un compte-chèque, en particulier pour les populations précaires, et demeure l’un des produits d’épargne les plus populaires en France.