Votre enfant est-il trop protégé pour affronter le monde réel ? L’éducation bienveillante séduit des milliers de parents en quête d’harmonie familiale. Mais derrière les promesses d’épanouissement se cache un piège redoutable : fabriquer des adultes incapables de surmonter les épreuves. Didier Pleux, psychothérapeute et auteur de L’éducation bienveillante, ça suffit !, tire la sonnette d’alarme. Son constat est sans appel : sans frustration, pas de résilience.
Éducation bienveillante : quand l’empathie devient toxique
On ne naît pas parent parfait, mais certains le croient. À force de lectures et de conseils bien intentionnés, ils transforment leur foyer en cocon aseptisé. L’enfant y règne en maître, ses désirs deviennent des ordres. « Les psys et pédiatres prônant cette approche sont souvent de brillants marchands de peur », dénonce Pleux. La faute à des interprétations abusives des neurosciences : un caprice serait une « blessure neuronale », un refus parental une « trahison affective ». Résultat ? Des parents épuisés, persuadés que la moindre contrariété détruira leur progéniture.
Prenons Léa, 8 ans. Ses parents ont suivi à la lettre les préceptes de l’éducation bienveillante. Résultat : à la moindre frustration, elle hurle, mord, lance des objets. « Elle n’a jamais appris à attendre », soupire sa mère. Le problème n’est pas l’amour, mais l’absence de cadre. Comme le rappelle Pleux : « La vie n’est pas un buffet à volonté. »
Des adultes fragiles face à la réalité
Imaginez un jeune adulte élevé dans l’adoration permanente. Premier échec amoureux, premier licenciement… et c’est l’effondrement. « Ils n’ont pas les outils psychologiques pour rebondir », observe Pleux. Ces « enfants-rois » deviennent des adultes tyranniques, persuadés que le monde leur doit tout.
L’exemple de Mathieu, 22 ans, est éloquent. Brillant étudiant, il abandonne ses études après un échec en master. « Personne ne m’avait prévenu qu’il faudrait travailler », avoue-t-il. Son éducation ? Un mélange de compliments permanents et de zéro exigence. « On m’a appris à descendre l’Alpe d’Huez en vélo, pas à la monter », résume-t-il.
Éducation bienveillante : le piège de l’horizontalité
Françoise Dolto, figure de la psychanalyse infantile, rêvait d’une relation égalitaire entre parents et enfants. Mais cette utopie a viré au cauchemar. « Les parents ne sont plus des guides, mais des serviteurs », s’indigne Pleux. Exit l’autorité, place au dialogue infini. Un parent raconte : « Je négocie chaque repas, chaque heure de coucher. Je suis épuisé. »
Le problème ? L’enfant apprend à manipuler plutôt qu’à coopérer. « Ils confondent désir et besoin », explique Pleux. Besoin de structure, de limites, de repères : voilà ce qu’occulte l’éducation bienveillante. Sans ces balises, l’enfant grandit en terrain miné.
Autorité VS autoritarisme : trouver l’équilibre
Attention ! Personne ne prône un retour aux punitions corporelles ou aux cris. « L’autorité bienveillante n’est pas un diktat », insiste Pleux. Il s’agit de poser des règles claires, comme un code de la route familial. Exemple : pas de dessert sans avoir goûté les légumes. Simple ? Oui. Efficace ? Absolument.
Prenez la famille Dupont. Leurs deux adolescents doivent participer aux tâches ménagères. « Au début, c’était la guerre », raconte la mère. « Mais aujourd’hui, ils comprennent que vivre ensemble implique des efforts. » Une leçon de vie plus utile que des heures de thérapie.
Éducation bienveillante : et si la science donnait tort à ses adeptes ?
Une étude de l’UC Louvain le confirme : les enfants surprotégés deviennent des adultes individualistes, peu enclins à l’effort collectif. Pire, cette fragilité profite aux populistes et aux marchands de bonheur immédiat. « Une société d’égoïstes est une proie facile », analyse Pleux.
Les neurosciences elles-mêmes contredisent les extrémistes de la bienveillance. Oui, le stress chronique est nocif. Non, une contrariété ponctuelle ne détruit pas les neurones. « C’est l’excès qui tue, pas la mesure », rappelle le psychothérapeute.
Éduquer, c’est aimer sans illusion
L’amour parental ne se mesure pas à l’absence de conflits. « Aimer, c’est aussi dire non », martèle Pleux. Des parents courageux refusent le rôle de sauveur surprotecteur. Ils préfèrent préparer leur enfant au monde réel, avec ses bosses et ses joies.
Vous voulez le meilleur pour votre enfant ? Offrez-lui des racines ET des ailes. L’éducation bienveillante n’est pas l’ennemie… à condition de ne pas en faire une religion. Comme le dit si bien Pleux : « La vie est un tango entre douceur et fermeté. Apprenez-leur à danser. »